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Iran : l’élimination d’Ismaïl Haniyeh met en lumière les défaillances sécuritaires du régime

Depuis l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, alors qu’il était à Téhéran pour la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, mercredi 31 juillet, les critiques se multiplient en Iran contre les services de renseignement. Au Parlement, le député Hossein-Ali Haji-Deligani a estimé que cette attaque est le résultat de l’infiltration du pays par des agents à la solde d’Israël : « Le régime sioniste [Israël] peut, en payant des dollars américains à des gens ignorants ou vendus, les recruter pour obtenir des informations ou pour mener des opérations terroristes. Cela a été le cas dans la mort de certains scientifiques nucléaires et militaires de notre pays. »
En Iran, outre le ministère du renseignement, les gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime, disposent de leur propre service d’espionnage, ce qui occasionne une forme de concurrence entre eux. « Les services secrets en Iran travaillent en silo, ce qui crée un vide sécuritaire », explique Hamidreza Azizi, chercheur à la Stiftung Wissenschaft und Politik, un institut de recherche à Berlin. De plus, en 2009, alors que l’Iran était secoué par une vague de contestation après la réélection frauduleuse de l’ancien président l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), « une purge a eu lieu au sein du ministère du renseignement, au cours de laquelle les employés jugés proches des réformateurs ont été virés, ajoutant aux failles », explique Arman Mahmoudian, chercheur au Global and National Security Institute de l’université de Floride du Sud.
Un homme d’affaires qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat depuis Téhéran impute, lui, ces défaillances aux activités commerciales menées par différents responsables de ces services, notamment chez les gardiens, devenus la plus grande force économique du pays. « Au lieu d’effectuer leur vrai travail, ils sont à Dubaï ou ailleurs, pour négocier la vente du pétrole iranien », dit-il. Sur Internet, les Iraniens sont nombreux à pointer du doigt le fait que ces services, très efficaces pour réprimer la dissidence, le sont beaucoup moins pour contrer les menées israéliennes.
Alors que les critiques vont bon train, une vieille vidéo, datée de 2021, a surgi sur les réseaux sociaux. On y voit l’ancien ministre du renseignement Ali Younesi (2000-2005) s’alarmer de la pénétration de l’Iran par le Mossad, la centrale de renseignement extérieur d’Israël. « Ces dix dernières années, l’infiltration du Mossad dans différentes parties du pays a été telle que les responsables de la République islamique d’Iran devraient s’inquiéter pour leur vie », avait-il ajouté, en faisant référence aux deux dernières années de la présidence de Mahmoud Ahmadinejad et aux deux mandats de son successeur, Hassan Rohani (2013-2021).
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